Aissata

Cinq dimanches à Bamako

Dimanche 13 novembre 2011 à 16:36

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      Comme promis des fleurs (mais pas d'oiseaux, désolée...) ma chambre c'est la porte bleue à gauche au premier étage et là maintenant tout de suite je suis assise sur le banc au premier plan... Bon, on voit pas tous les ouvriers, mais depuis quinze jours il y a des travaux, ils refont tout les bâtiments donc ils tapent comme des sourds à longueur de journée et ça pue la peinture... mais bon, la Maison du Partenariat sera toute belle après (après=quand je pars évidemment...)

    C'est vraiment sympa ici, pour celles qui ne connaissent pas, la Maison du Partenariat est un lieu qui accueille les angevins membres d'assos qui viennent sur Bamako. En ce moment il y a sept prof, dont six sympas et un bizarre (qualifié de bizarre par les autres aussi d'ailleurs), et une étudiante des Beaux-Arts d'Angers vraiment gentille. Du coup ça crée une bonne ambiance, il y a toujours des gens avec qui discuter et on a établit un trafic de bouquins.
    Depuis le début de mon séjour il y a aussi des médecins d'Angers qui sont venus (dont le boss de mon père que je connais depuis gamine et un de ses collègues dont j'ai beaucoup entendu parler... c'est assez bizarre de les trouver ici... surtout quand la discussion part sur les prostitué(e)s de la place de la Rochefoucault...) et des médecins de Mulhouse (et là pour le coup je ne vois pas la relation avec Angers.).
 

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Dimanche 13 novembre 2011 à 11:23

Maintenant  je vais tenter de vous parler d’un des lieux qui me fascine le plus sur Bamako : là où on peut acheter de quoi faire des gri-gris. Je ne peux malheureusement pas vous montrer de photos, il y a une interdiction formelle et sortir un appareil est la meilleure façon de finir lynchée.

Les marchands ont des stands qui se trouvent sur un parking à côté du marché le plus connu de Bamako. Rien que le parking c’est tout un poème… Dès qu’ils voient que tu es toubabou, tu te fais sauter dessus par les marchands ou les mendiants. Et attention, pas n’importe quels mendiants : tous « handicapés » (attention, les guillemets sont importants, vous comprendrez en lisant la liste…), en général des estropiés sur des boites à roulettes, des petits vieux aveugles, des albinos ou bien la grande spécialité de cet endroit : les jumeaux, en général garçon et fille, d’à peine 6 ans et habillés de façon identique. Pour ce qui est des vendeurs, ils t'abordent comme s'ils allaient te proposer du shit, mais au lieu de ça ils te sortent des statuettes en bronze de leurs poches. Et tout ce monde ne te quitte pas d'une semelle: ils t'ouvrent la porte quand tu sors de la voiture et au retour, ils bloquent la voiture quand tu veux repartir... m'étonnerais pas que quelques uns des estropiés de la place soient d'anciens vendeurs qui se sont fait rouler dessus....

Maintenant les stands. Il s’agit d’étals où on trouve tous les ingrédients nécessaires à la conception de gri-gris ou remèdes contre tous les maux. Et même si c’est pas dit, à mon avis il doit y avoir pas mal de trucs pour tout ce qui est sorcellerie. On y trouve de tout : cauris, plantes, peau de serpents, squelettes de bestioles indéterminées (enfin indéterminées par moi… je pense qu’il s’agit de caméléons, mais comme on ne doit pas s’attarder dans le coin je n’ai pu jeter qu’un rapide coup d’œil.), crânes ou têtes de singes, et je garde le meilleur pour la fin. Ce qui m’a le plus frappée c’est les petits crânes de singes avec par-ci par-là de vraies têtes, avec des poils, les yeux et tout. Sinon il y a aussi des os de toutes tailles et de toutes origines, des peaux de bestioles, serpents ou autres. Et enfin, le clou du spectacle : des têtes de chevaux. Et sincèrement, c’est affreux. Je ne sais pas pourquoi, je trouve ça plus glauque que les petits singes… Peut-être parce que les singes sont mieux conservés, on dirait presque qu’ils sont vivants (si on exclu le fait qu'ils n'aient plus de corps...)Les chevaux en revanche ils font tout droit sortis de l’enfer…

Promis, la prochaine fois je vous parle des oiseaux ou des fleurs…

PS: j'ai rétablit les commentaires, les non adhérents à cowblog peuvent commenter! Mais ce message ne pousse pas au commentaire hein! Pour un commentaire donné, je n'en rend pas dix...

Samedi 12 novembre 2011 à 14:48

Dimanche dernier j’ai été invitée par un ami pour fêter chez lui la Tabaski. Dans les pays arabes on appelle cette fête l’Aïd. Cette fête se passe deux mois après la fin du Ramadan : c’est la plus grande fête de l’année. Chaque famille se ruine quasiment pour la fête. (d’ailleurs c’est l’occasion de faire des affaires juste avant la fête : ils bradent tout, ils ont trop besoin de sous… après c’est plus difficile.)

Les filles doivent être magnifiques : cheveux tressés, nouvelle robe, mains et pieds décorés au henné. D’ailleurs c’est marrant, ici les tissus se vendent par trois, du coup les sœurs ont toutes le même imprimé de robe.  Pour ce qui est des tresses, une semaine avant la fête, on voit un peu partout des groupes de cinq ou six filles qui se font tresser et il y a des mèches de rajout partout sur le sol.

Pour le mouton, c’est aussi toute une histoire : Si un homme a trois femmes (limite autorisée : quatre. Je ne raconte pas le nombre de débats que j’ai eu pour ou contre la polygamie depuis deux semaines que je suis ici.) (désolée je me perd en digressions…). Bref, si un homme a trois femmes, il doit acheter trois moutons minimum. Evidemment le prix des moutons grimpe à quelques jours de la fête… il y a même des vols de mouton…

La date de la Tabaski est fixée par une commission(la commission de la lune) et annoncée à la télé lors du conseil des ministres. Le jour de la fête, les hommes vont à la mosquée dès 5h30/6h du matin; pendant ce temps là les femmes cuisinent le mouton. D'ailleurs elles ne font quasiment que ça de la journée: cuisiner. Je ne sais pas trop quand ils égorgent le mouton, je n'étais heureusement pas là. Pendant les trois jours de la fête (surtout les deux premiers), il y a une odeur perpétuelle de grillades sur la ville.

              Après avoir bien mangé (en regardant Vivement dimanche...), on est allés faire le tour du quartier pour recevoir et donner des bénédictions aux gens de la famille et aux amis. Moi ça va j'ai été autorisée à ne dire que I sambé-sambé, je n'ai pas été obligée de tout retenir. Tout l'après-midi les gens circulent, vont présenter leurs voeux aux ami et, vont apporter de la viande aux plus pauvres.

              Le premier jour de la fête est le plus important: le suivant est officiellement ferié mais généralement les gens prennent deux jours ou plus, pour continuer la fête ou pour s'en remettre (apparemment les cas d'indigestion ne sont pas rares pendant la fête...)

sembé-sembé à toutes!

Samedi 12 novembre 2011 à 13:40

           Comme je n'ai pas un prénom franchement courant, en France ou ailleurs, j'ai décidé de me trouver un prénom malien histoire de simplifier les choses... Un jour un monsieur a voulu vérifier si je comprenais le bambara, du coup après les salutations d'usage, il me demande "i togo?" (comment tu t'appelles?) Moi toute fière d'avoir saisi, je lui répond "Roméline".  Conclusion, il m'a dit "aaah tu comprend vraiment pas le bambara, je te demandais comment tu t'appelles..." Bon beeen trouver un prénom malien va devenir une urgence...

         J'ai demandé conseil à un ami qui m'a proposé Djénéba... C'est très joli, mais j'avais du mal à le retenir. La soeur d'un autre ami se prénomme Aïssata, et j'ai trouvé ce prénom tellement beau (et facile à retenir et surtout, à prononcer pour moi...) que je lui ai demandé l'autorisation de lui emprunter son prénom. C'est un prénom plutôt courant ici: c'était le prénom de la femme préférée du prophète. C'est la version malienne d'Aïcha; il existe d'autres variantes comme Aïssatou,

C'est très perturbant d'avoir deux prénoms (enfin trois en comptant mon prénom en langue des signes...) mais ça me simplifie carrément la vie!!!

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